Programmation

Les projets de la CRC ReParE s’intéressent aux dynamiques d’oppression vécues par les jeunes vulnérabilisé·e·s mais aussi à l’empowerment de ces jeunes. Les travaux de la chaire s’articulent autour de trois axes :

Axe 1 : Confronter les oppressions et développer l’empowerment à travers la recherche.
Cet axe cherche à observer et comprendre les dynamiques d’oppression, et la manière dont celles-ci sont maintenues par des structures de pouvoir, des actions et processus individuels et institutionnels volontaires ou non afin de maintenir une position de domination sur les groupes discriminés. Le fait de vivre à l’intersection de plusieurs facteurs d’oppression amplifie les préjudices vécus par les individus. Face à ces situations, les personnes développent souvent des stratégies individuelles et collectives de résistance ce qui favorise le sentiment de pouvoir d’action. La Chaire vise à observer et amplifier ces processus de résistance, notamment par l’implication des communautés dans la recherche afin que ses projets puissent avoir un réel impact sur celles-ci.
Axe 2 : Développer l’empowerment par la recherche partenariale.
L’implication dans la recherche est en effet l’un des moyens saisis par les jeunes pour confronter l’oppression et les dynamiques d’exploitations vécues par leurs communautés. Ainsi, la recherche peut favoriser la reprise du pouvoir d’agir, la confrontation des inégalités sociales et des oppressions et ultimement, provoquer le changement social, surtout lorsqu’elle est conduite d’une perspective de travail social. La Chaire mobilise donc des méthodologies qui visent à favoriser l’empowerment des participant·e·s, comme la recherche-action sociale, l’approche autogérée ou l’autoethnographie collaborative. D’autres méthodologies peuvent être employées mais elles doivent inclure les communautés à chaque étape de la recherche.

Axe 3 : Enjeux en recherche auprès des populations vulnérabilisées.
Peu d’écris examinent spécifiquement les processus méthodologiques à mettre en place avec les groupes concernées pour favoriser leur empowerment. La CRC-ReParE vise donc à amorcer des réflexions éthiques et méthodologiques autour de la recherche partenariale et de l’inclusion des participant·e·s dans la recherche. Les projets réalisés seront une opportunité que questionner les enjeux de positionnalité des chercheur·e·s face aux populations étudiées, par exemple en réfléchissant aux implications d’une position de « insider » (le·a chercheur·e est concerné·e par l’objet de recherche) comparativement à celle d’ « outsider » (le·a chercheur·e n’est pas concerné·e par l’objet de recherche).

Projets financés

Grandir en tant que jeune trans :

UNE ENQUÊTE QUALITATIVE LONGITUDINALE INTERNATIONALE SUR L’ACCÈS DES JEUNES TRANS AUX SOINS, À L’AFFIRMATION DE SOI ET AU BIEN-ÊTRE.

Chercheur·e·s : Annie Pullen Sansfacon, Denise Medico, Sabra Katz-Wise, Damien Riggs, Matthew Carlile, Jason Schaub, Anne-Emmanuelle Ambresin, Patrick Schmitt. Assistant·e·s et coordonnateur·e·s de recherche : Charles-Antoine Thibeault, Manvi Arora, Naomie-Jade Ladry, Samuel Champagne, Morgane A. Gelly, Chase Staras, Eli Godwin, 'Kork' Korkodilos, Salem Skelton.  Advisors : Shuvo Ghosh, Nicholas Chadi, Lyne Chiniara, Edward Ou Jin Lee. En collaboration avec : Organisme Jeunes Identités Créatives; Mermaids; Transcend; SAYFTEE; Fondation Agnodice ; The Association for Transgender Health in India (ATHI);  financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC)

Ce projet a pour but de produire des connaissances longitudinales, prospectives et contextualisées sur les expériences des jeunes trans et non-binaires et les changements dans leur identité de genre, leur affirmation et les besoins médicaux, en accordant une attention particulière à leurs relations avec la famille et la dynamique sociale. Les objectifs de l’étude sont de :

  1. Tracer les trajectoires que les jeunes trans et non-binaires empruntent dans leur volonté d’accéder à des soins médicaux d’affirmation de genre
  2. Produire une compréhension nuancée et contextualisée des facteurs qui facilitent pour les jeunes trans et non-binaires le processus d’obtention des soins médicaux d’affirmation de genre ou au contraire le limitent
  3. Tracer la manière dont les trajectoires de soins affectent leurs expériences d’affirmation de genre dans diverses dimensions de leur vie
  4. Comprendre comment leur bien-être évolue en conséquence

Devenir soi à travers les chirurgies :

UNE EXPLORATION CITOYENNE DANS LA RECHERCHE TRANSAFFIRMATIVE

Chercheur·e·s : Claude Amiot, Annie Pullen Sansfacon. Employé·e·s : Morgane A. Gelly, Georges Alain Tchango Ngalé, Félix Bélanger et Gabrielle Manzano. Financé par le Fond de Recherche du Québec (FRQ)

Le projet engagement des Fonds de recherche du Québec (aussi appelé question citoyenne) est une initiative ancrée dans une approche de formation de la chercheuse citoyenne Claude Amiot afin de répondre à sa question de recherche qui est de mieux connaitre les types d’interventions médicales priorisées par les personnes trans et non binaires (TNB) jeunes et moins jeunes qui sont actuellement en processus de transition médicale ou qui se questionnent à ce sujet. À ce jour, les recherches sont orientées principalement autour d’un type de chirurgie seulement, et la littérature à ce sujet mérite d’être étendue. Le projet est porté également par Annie Pullen-Sansfaçon, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles (CRCetf). À travers des rencontres en duo entre Madame Amiot et Madame Pullen-Sansfaçon, la première phase du projet a permis d’initier Madame Amiot à la recherche scientifique et de se familiariser à l’environnement à mettre en place pour répondre à sa question de recherche, et mener à terme ce projet qui la passionne. Ainsi, porté par son vaste savoir expérientiel, le projet de recherche de Madame Amiot souhaite orienter les pistes d’intervention médicales à prioriser pour les jeunes trans partout au Québec, en plus d’orienter éventuellement les autres projets de recherche qui seront réalisés au sein de la CRC-ReParE.

Discours (Dé)trans :

POUR UNE COMPRÉHENSION TRANS-AFFIRMATIVE DES PHÉNOMÈNES DE TRANSITIONS DE GENRE DISCONTINUÉES CHEZ LES JEUNES AVEC DES PARCOURS TRANS ET NON BINAIRES

Chercheur·e·s : Annie Pullen Sansfaçon (UdeM), Denise Médico (UQAM), Alexandre Baril (UOttawa), Mélanie Millette (UQAM), Olivier Turbide (UQAM). Coordination : Morgane Gelly (UdeM). Employé·e·s : Tommly Planchat (UdeM), Edith Paré-Roy (UQAM), Élio Gravel (UdeM), Elya Chartrand-Deschamps (UQAM), Sidonie Atgé-Delbays (UdeM), Marielle Aithamon (UdeM). Collaborateur·e·s : Françoise Susset (Meraki Health Center), August Paradis (Consultante), l'organisme Jeunes Identités Créatives. Financé par le CRSH.

Depuis une dizaine d’années, on entend de plus en plus parler de jeunes personnes qui s'identifient trans (dont le genre ne correspond pas à celui assigné à la naissance). Afin de vivre conformément à leur identité de genre, certains jeunes effectuent une transition légale, sociale ou médicale. Si la plupart des jeunes semblent poursuivre ces transitions, une petite portion dit avoir ou vouloir « dé-transitionner » ou discontinuer les transitions amorcées. Ce phénomène, bien que très peu documenté dans la recherche scientifique, est largement relayée dans les médias sociaux, les blogs et les articles de presse. Ancrée dans une approche trans affirmative fluide et intersectionnelle, l’étude propose un regard nouveau sur la notion de détransition en prenant en compte l’aspect dynamique et fluide du processus d’affirmation de genre ainsi que les multiples facteurs d’oppression qui peuvent s’imbriquer et interagir avec l’expérience des jeunes trans.

En savoir plus

Mémoires et thèses

Ethos ou aitun. Étude réflexive sur les agir responsables en recherche autochtone.
Mathieu Boivin, doctorant en sciences humaines et appliquées
Dirigé par : Nicole Gombay, Département de géographie - Annie Pullen Sansfaçon, École de travail social

Bien qu’il se pratique des recherches scientifiques sur des personnes, sur des communautés, sur des pratiques et sur des territoires autochtones depuis plus de cent ans au Canada, il faut attendre la Commission Royale d’enquête sur les peuples autochtones en 1996 pour que soit enfin considérés des principes de recherche propres aux contextes autochtones (CREPA 1996 : Annexe E). Depuis lors, des protocoles sont développés par divers groupes d’intérêt autochtones et sont adoptés par des équipes de recherche et des instances gouvernantes (Smith 1999; Wilson 2008; Kovach 2009). Ces protocoles demandent généralement une participation accrue des personnes autochtones dans la recherche qui devrait maintenant être faite PAR et POUR les elles, et non plus SUR elles ou à leur détriment. 
En 2010, l’État canadien, par l’intermédiaire des trois grands conseils nationaux de recherche, reconnait notamment les principes de propriété, de contrôle, d’accès et de possession (PCAP) comme un code d’éthique devant être observé lorsque les communautés autochtones l’exigent (EPTC-2 2010 : Chapitre 9). Les trois conseils laissent aussi entendre que les communautés peuvent exiger d’observer d’autres principes. Toutefois, les protocoles bioéthiques prônés par les trois conseils demeurent ceux qui doivent être respecté par défaut par les groupes de recherche. En d’autres mots, les principes autochtones ne font que se surimposer sur l’éthique euro-canadienne lorsque les communautés le demandent.
On voit ainsi se tracer un triple problème. D’abord, l’ontologie blanche dominante peine encore à s’ouvrir et à laisser réellement place à d’autres manières de faire. Ensuite, une seule voie complémentaire est clairement définie au Canada, alors que l’on n’admet d’emblée qu’elle n’est pas universellement reconnue par les personnes concernées. D’ailleurs, les principes de PCAP sont fortement critiqués par certains groupes autochtones et les principes CARE-FAIR sont de plus en plus utilisés comme principes phares à l’extérieur du Canada. Enfin, la joute des pouvoirs en action dans la recherche favorise la latence et l’inaction au détriment d’une co-construction positive d’une éthique de travail collectif.
Question de recherche : Les normes bioéthiques canadiennes sont-elles compatibles avec les paradigmes d'éthique autochtones?
Études des genres au secondaire : exploration de l'état du climat scolaire de genre et de l'ajustement scolaire des jeunes trans et non binaires
Félix Bélanger, docotorant·e en psychoéducation
Dirigé·e par : Isabelle Archambault, Département de psychoéducation 
Annie Pullen Sansfaçon, École de travail social

De type exploratoire, ce projet de thèse souhaite mieux comprendre le construit de climat scolaire de genre auprès d’élèves trans et non binaires au secondaire. Cela inclut les dimensions principales et importantes à évaluer selon la littérature scientifique à ce sujet (i.e. normes de genre à l’école, qualité des relations interpersonnelles par rapport à l’identité ou l’expression de genre, perception de la justice sociale envers l’expression et les identités de genre, sentiment d’appartenance au milieu en fonction de l’identité ou l’expression de genre, climat de sécurité envers les jeunes des minorités de genre). Nous souhaitons également considérer plusieurs éléments de la vie scolaire qui pourraient contribuer à la perception du climat par les élèves (i.e. règles par rapport à la tenue vestimentaire, disposition des toilettes et vestiaires, présence d’espaces ou de clubs favorisant l’inclusion des personnes 2SLGBTQIA+, éducation en classe par rapport aux personnes 2SLGBTQIA+, éducation en classe par rapport aux hommes et aux femmes). Des entrevues semi-structurées avec 15 jeunes trans et non binaires et des observations dans les écoles secondaires à propos du climat scolaire de genre seront réalisées afin d'atteindre nos objectifs de recherche.
Relation au corps chez des personnes détrans
Élio Gravel, étudiant au doctorat en psychologie
Dirigé par: Annie Pullen Sansfaçon, École de travail social

Dans les dernières années, de plus en plus de discours circulent sur la détransition, autant dans l’espace médiatique que dans la littérature scientifique. Parmi les idées véhiculées par les médias de masse se trouve le narratif de personnes détrans comme mutilées et ruinées physiquement par un parcours de transition (MacKinnon, Expósito-Campos, et al., 2023). Quelques récentes études identifient également la saillance d’un inconfort corporel chez les personnes détrans et des besoins qui y sont associés (Hildebrand-Chupp, 2020; A. Pullen Sansfaçon, Gelly, et al., 2023; Vandenbussche, 2022). Néanmoins, peu d’études se sont penchées sur le sujet et la littérature ne permet actuellement pas de comprendre le vécu de ces personnes par rapport à leur corps ni de situer ce vécu au sein du parcours de genre. Ainsi, les professionnel.le.s de soins manquent de connaissances à ce sujet, engendrant des besoins non répondus dans cette population marginalisée et vulnérabilisée. Cet article vise ainsi à décrire l’évolution du vécu des personne détrans par rapport à leur corps durant leur parcours de transition et de détransition et à identifier les stratégies auxquelles iels ont (eu) recours pour naviguer leurs besoins en lien avec le corps.
© 2023 CRC-ReParE, Tous droits réservés.
flag
FR
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram