Deliberate Absence: Situating Transgender and Gender Diverse Youth (TGDY) in Indian Road Map for Transgender Health and Human Rights (Manvi, 2023)
L'Inde, la plus grande démocratie du monde, compte également la plus grande population de personnes transgenres au monde. Malgré le nombre important et la forme visible de la population conventionnelle-transféminine, les personnes transgenres et de genre différent du pays ont été marginalisées et ostracisées par une société qui vénérait autrefois la fluidité des genres. Jusqu'à ces dernières décennies, la communauté transgenre n'a bénéficié d'aucune protection législative, d'aucune acceptation sociale, d'aucun moyen de mobilité sociale, d'aucune revendication de droits civils et d'aucune vie digne.
Les récentes législations progressistes, telles que l'arrêt historique de la Cour suprême de 2014 (connu sous le nom d'arrêt NALSA), la loi de 2019 sur les personnes transgenres (protection des droits), sont des tentatives minuscules mais sans précédent pour remédier à une discrimination séculaire à l'égard de la communauté.
Cependant, en raison d'une forte volonté politique et d'une prise de conscience de l'urgence d'autonomiser cette communauté longtemps négligée, l'accent mis sur les droits socio-médicaux, juridiques et éducatifs des jeunes trans et de la diversité de genre (TDG) est totalement absent du discours indien sur les droits des personnes transgenres. Ainsi, la représentation d'une communauté entière qui ne se conforme pas aux manières hégémoniques d'interpréter le genre et qui n'a pas atteint la majorité est délibérément invisibilisée.
Cette session déconstruira l'attitude de la société indienne à l'égard de la jeunesse en général et des jeunes transgenres et gender diversity en particulier, dans le cadre des diversités caractéristiques de l'Inde. L'influence du lien social sur le développement de l'identité et le bien-être psychologique et physiologique des jeunes transgenres sera mise en évidence. On tentera également d'examiner le champ d'action offert aux jeunes TDG dans la mise en œuvre des récentes initiatives administratives et législatives dans le domaine de l'éducation, des droits de l'homme et de la santé. La discussion est basée sur les expériences de première main de jeunes Indiens qui ont été dans l'espace où la socialisation idéaliste est confrontée à l'existence instinctive non normative et résulte en une négociation, un conflit, une résistance, une transformation et des possibilités pour un spectre d'existence dans le contexte indien.
À propos de notre conférencière
Manvi Arora (elle) est chercheuse postdoctorale à l’Université de Montréal et chercheuse bénévole auprès de l’Association pour la Santé Trans en Inde (ATHI). Elle est titulaire d’un doctorat en éducation de l’Université de Delhi. Elle détient aussi trois diplômes d’études supérieures en psychologie, sociologie et éducation. Depuis plus d’une décennie, elle travaille en étroite collaboration avec les communautés trans indiennes pour défendre leurs droits à l’éducation et à la reconnaissance de leurs identités. Elle est l’une des auteures et membres du comité chargé d’élaborer des lignes directrices nationales et du matériel de formation pour l’inclusion des enfants trans dans le système scolaire indien en mettant l’accent sur leurs préoccupations et la voie à suivre, avec le Conseil national de recherche et de formation en éducation (NCERT) du gouvernement indien. Ses connaissances interdisciplinaires l’aident à démêler les réalités vécues et les défis sociaux liés à la non-conformité aux normes de genre prescrites, un domaine de recherche négligé par les universitaires indien·ne·s et qui consiste actuellement à faire entendre la voix des personnes indiennes trans et non-binaires. Elle chapeaute le volet indien du projet de recherche longitudinal international financé par le CIHR intitulé «Grandir trans», dont elle est l’une des coauteur·e·s, et auquel participe également la Chaire de recherche sur les enfants trans et leurs familles pour témoigner de la situation au Québec.