92ème congrès ACFAS – Colloque 626 : « Transition et détransition chez les jeunes: se comprendre et s’unir face à la désinformation et la division. »

6 Mai 2025 - École de technologie supérieure de Montréal/En ligne

La Chaire de Recherche du Canada sur la recherche partenariale et l’empowerment des jeunes vulnérabilisés (CRC ReParE) organise son 4ème colloque dans le cadre de l’ACFAS, qui se tiendra en personne et en ligne le mardi 6 mai 2025 à l’ École de technologie supérieure de Montréal.

Lien vers notre page de colloqueProgramme scientifique (PDF)
Comité organisateur

Ce colloque est organisé par la CRC ReParE et ses membres, le comité organisateur est composé de :

  • Annie Pullen Sansfaçon, Professeure titulaire, École de travail social, Responsable du colloque, Université de Montréal, et Titulaire de la CRC ReParE
  • Morgane Gelly, conseiller.e principal.e à la recherche, CRC ReParE
  • Sei Laroche-Tanguay, coordination des partenariats et réseaux sociaux, CRC ReParE
  • Tommly Planchat, professionnel de recherche, Responsable du programme, des communications et de la logistique, CRC ReParE
Problématique

Ces dernières années, un discours critique a émergé sur le genre et les transitions de genre, en particulier pour les jeunes trans et non-binaires (TNB). Alimentant une panique morale, plusieurs articles et reportages suggèrent que les jeunes TNB accèdent trop rapidement aux soins médicaux d’affirmation du genre (SMAG). La théorie controversée de la "dysphorie de genre à déclenchement rapide" (ROGD) a aussi gagné en visibilité. Elle suggère que des jeunes filles vulnérables entreprennent une transition de genre sous l’influence d’une « contagion sociale » et d’un mauvais diagnostic de dysphorie de genre, puis le regrettent. Cette théorie, bien que très contestée par les chercheur·e·s, est largement médiatisée. Paru en 2024, le rapport Cass, lui aussi très critiqué, remet en question les bénéfices des SMAG et les standards de soins de l’association mondiale des professionnel·le·s en santé trans.

Dans ce contexte, l’idée de regret est souvent mise de l’avant pour souligner le danger d’effectuer une transition. On voit d’ailleurs une multiplication des narratifs sur la détransition souvent présentée de façon alarmiste comme une erreur à prévenir en restreignant l’accès aux SMAG. Bien que les recherches montrent des parcours de détransition nuancés, les controverses sur l’accès aux SMAG et le risque de regret ont déjà des effets tangibles. D'une part, elles menacent les droits des communautés trans, comme en témoignent les restrictions ou interdictions des SMAG qui se multiplient dans plusieurs pays. D'autre part, les personnes détrans subissent souvent du rejet dû à l’instrumentalisation de leurs expériences.

Face à cette désinformation et à la polarisation croissante entre les communautés trans et détrans, il est crucial de comprendre leurs expériences et de mettre en lumière leurs points de convergence sur des enjeux tels que le consentement éclairé, l’autonomie corporelle et la reconnaissance des parcours de chacun·e.

Informations utiles
Les activités du congrès se tiendront sur le campus de l' École de technologie supérieure (ÉTS) et en ligne.
Vous pourrez récupérer votre porte-nom dans la zone d'inscription :
Hall du pavillion A
1100 rue Notre Dame Ouest, Montréal (Québec) H3C 1K3
Inscription au congrès
Le paiement des frais d'inscription au congrès est requis pour accéder aux colloques. Votre inscription vous donnera accès à l'ensemble des colloques sur toute la semaine.Toutes les activités scientifiques seront accessibles en ligne.
Inscription
Rediffusion de conférences
Vers une alliance Dé/Trans : favoriser l’autonomie et l’autodétermination dans la diversité des parcours de genre (Ashley, 2025)
Résumé :
Les communautés trans et détrans sont souvent représentées comme des voix à intérêts divergents sinon pleinement opposés sur le plan médical. Si les personnes trans se voient bénéficier de l’accès aux soins de transition de genre, ce seraient plutôt les barrières aux soins qui bénéficieraient aux personnes détrans. Dans cette présentation, Florence Ashley suggérera que, bien au contraire, les intérêts des personnes trans et détrans sont alignés quant à l’accès aux soins de transition de genre puisque les barrières aux soins ne préviennent pas les regrets et peuvent même être détrimentaires aux personnes détrans. Se faisant, la présentation s’ouvre à la vision d’une alliance dé/trans qui place l’emphase sur l’autonomie, l’autodétermination du genre, et la diversité des parcours du genre.

Biographie :
Florence Ashley est professeur·e adjointe à la faculté de droit de l'Université de l'Alberta et au Centre John Dossetor Health Ethics. En 2019-2020, ille a été la première greffière ouvertement transféminine à la Cour suprême du Canada. Florence est l'autaire de deux livres sur les questions trans et de nombreux articles académiques, y compris des articles sur la détransition écrits en collaboration avec des chercheur·e·s trans et détrans.
Contexte socio-politique, discours et impacts sur les jeunes TNB et détrans (Daigneault et al., 2025)
Résumé

Les données des lignes d’écoute destinées aux jeunes LGBTQ2+ aux États-Unis au moment de l’élection et de l’intronisation de Trump montrent une explosion des recours aux services directement liée au contexte politique. THEM.us rapportait en ce sens une augmentation de près de 200% des appels auprès du Trevor Project lors des 2 jours précédents l’élection du 5 novembre et de 700% le lendemain. Mais qu’en est-il de notre côté de la frontière ?
Les décrets américains et les discours clivants influencent-ils les demandes d’aide et la détresse des jeunes trans et non-binaires au Québec et au Canada? Le climat social actuel met-il en péril leur santé mentale et leur quotidien?
Cette communication explore l’impact du climat sociopolitique sur la santé mentale des jeunes TNB à travers les statistiques de la ligne d’écoute et de renseignements d’Interligne, les signalements anonymes d’actes de discrimination et de violence via la plateforme ALIX, ainsi que les résultats d’une récente étude pancanadienne sur la santé mentale des personnes 2ELGBTQIA+ menée par la firme Léger pour Interligne.
Nous analyserons les tendances des demandes d’aide et leurs liens avec les discours anti-trans et les restrictions sur les soins d’affirmation. En mettant en lumière ces données, nous souhaitons sensibiliser aux impacts concrets des débats politiques sur les jeunes TNB et proposer des pistes d’action pour mieux les soutenir.

Biographie :

Mathé-Manuel Daigneault (Il/iel) est une personne transmasc neuroqueer travaillant à la coordination des services chez Interligne, après avoir précédemment collaboré avec plusieurs autres organisations de la diversité sexuelle et de genre dans la dernière décennie. Titulaire d’un baccalauréat en Animation et recherche culturelle et d’un programme court de 2e cycle en gestion de l’EDI en milieu de travail, il est également professionnel de recherche au Laboratoire inclusif de recherche et développement de l’Université de Sherbrooke, fonction qui lui permet de perfectionner ses habiletés en analyses statistiques et en recherche en sciences sociales. Ses intérêts de recherche portent sur les réalités et la représentation des personnes trans ou neuroqueer, de même que sur les initiatives d’EDI.
Grandir trans : Perceptions des jeunes trans et non binaires – Contexte sociopolitique et accès aux soins d’affirmation de genre (2022-2024) (Ladry et al., 2025)
Résumé

Bien que de nombreux pays aient adopté des lois protégeant les droits des personnes trans et non binaires (TNB), certains ont vu émerger une montée de la droite politique, avec des politiques répressives et des manifestations anti-trans. Au Canada, malgré des progrès législatifs et sociaux, l’accès aux soins d’affirmation de genre (SMAG) varie d’une province à l’autre, créant un climat d’incertitude, car les protections légales ne sont pas toujours garanties. Or, les SMAG, tels que les bloqueurs de puberté et l’hormonothérapie, sont essentiels au bien-être psychologique et physique des jeunes, réduisant la dysphorie de genre et en améliorant leur qualité de vie. Comment le contexte sociopolitique entre 2022 et 2024 influence-t-il ou non le bien-être des jeunes TNB et leur accès aux SMAG? Cette présentation s’inscrit dans le cadre du projet Grandir Trans, une enquête longitudinale internationale sur les SMAG, centrée sur l’évolution des parcours de soins et leur impact sur le bien-être des jeunes TNB canadien·ne·s âgé·e·s de 11 à 17 ans. Les données montrent que l’accès aux SMAG et la transition légale ont amélioré le bien-être général des jeunes, en réduisant la dysphorie de genre. Malgré des reculs dans certaines provinces, les familles restent confiantes quant au soutien disponible, même face aux informations parfois négatives des politicien·ne·s, projets de loi et médias.

Biographie :

Naomie-Jade Ladry, candidate au doctorat en sciences humaines appliquées, est diplômée de la Maîtrise en sciences de l’administration — gestion du développement international et de l’action humanitaire et du Microprogramme de deuxième cycle en études du genre de l’Université Laval. Ses centres d’intérêt portent sur les questions d’égalité de genre, en particulier les perspectives féministes intersectionnelles ainsi que les enjeux entourant la diversité de genre. Naomie-Jade Ladry travaille comme assistante de recherche sur le projet Grandir Trans.
Régression des niveaux d’aise des jeunes face aux personnes LGBTQ+ : des données tirées de la salle de classe (Charbonneau & Graindorge, 2025)
Résumé
Le GRIS-Montréal est un organisme qui démystifie l’orientation sexuelle (depuis 1994) et l’identité de genre (depuis 2019) en milieu scolaire. Les interventions répondent aux questions des élèves, avec des bénévoles LGBTQ+ partageant leur vécu personnel. Depuis 2021, les intervenant.es du GRIS observent une hausse des discours haineux et des attitudes de fermeture à l’égard de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres chez les élèves qu’iels rencontrent. Cette impression est confirmée par ses questionnaires d’enquête, qui montrent un déclin significatif récent du sentiment d’aise des jeunes face à ces réalités. Cette communication s’appuie sur les données issues de questionnaires (n= 35 705), complétés par des élèves de l’école secondaire lors de 1 512 interventions réalisées entre 2018-2023, dans une diversité de régions du Québec. Ces questionnaires sondent le niveau d’aise des jeunes face à une série d’énoncés sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Parmi les hypothèses permettant de rendre compte de ce déclin dans les sentiments d’aise des jeunes, on peut penser à la structure des médias sociaux exacerbant la présence de chambres d’écho, à l’écosystème journalistique néolibéral accentuant les processus de désinformation, à l’efficacité avérée des paniques morales autour des personnes LGBTQ+ pour distraire des véritables enjeux sociaux et rassembler des franges diversifiées de la population autour de valeurs communes, souvent nationales.

Biographies

Amélie Charbonneau (elle) est chargée de recherche pour le GRIS-Montréal depuis 2013. Forte de ses études en travail social, en études féministes ainsi qu’en communications, elle aime particulièrement documenter les perceptions et les représentations des jeunes sur les personnes de la diversité sexuelle et de genre.

Alexis Graindorge (il/ille) est sociolinguiste queer et professionnel·le de recherche au GRIS-Montréal, où ille a contribué au dernier rapport sur la montée du malaise envers les réalités queers, paru en janvier 2025. Ille s'intéresse notamment aux questions de normes linguistiques, de représentations et d'attitudes, et attache une grande valeur à l'accessibilité de la recherche et au partage des connaissances. 
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