Conférences-midi

Dans cette rubrique, vous retrouverez les rediffusions de nos conférences-midi !

Pour ne rien rater suivez-nous sur les réseaux sociaux ou tenez-nous informé via notre ‘nouvelles’ et ‘évènement à venir.
S'inscrire à notre infolettre 

2024

Trajectoires de soutien parental et impact chez les jeunes ayant interrompu une transition de genre (Gelly, 2024)
Résumé

Les recherches montrent que le soutien parental est très important pour les jeunes trans et non-binaires. Cependant, on sait peu de choses sur les expériences de soutien parental des jeunes ayant effectué puis interrompu une transition de genre (un phénomène aussi appelé détransition ou discontinuation). Cette présentation examine la manière dont le soutien parental a évolué dans le temps et l’impact que cela a eu sur des jeunes ayant discontinué ou détransitionné. Entre 2020 et 2022, nous avons interviewé 25 jeunes de 15 à 25 ans ayant effectué une transition sociale, légale et/ou médicale et qui l’ont ensuite interrompue, temporairement ou définitivement. Une analyse thématique des données a mis en lumière 4 formes de soutien : le soutien fort, l’absence de soutien, le soutien ambigu et le soutien conditionnel. À l’aide d’une analyse longitudinale rétrospective, nous avons ensuite dégagé 4 trajectoires de soutien parental dans le temps : le soutien fort continu, l’absence continue de soutien, le soutien progressif et le soutien instable. Les résultats montrent qu’un soutien absent, ambigu, conditionnel et/ou fluctuant affectait négativement les jeunes et pouvait dans certains cas jouer un rôle dans les parcours de détransition. Cette recherche montre l’importance d’un soutien parental fort, continu et non contraignant des jeunes de la diversité de genre.

Biographie :

Morgane Gelly (elle/iel) | Conseillèr·e principal·e à la recherche

Après avoir obtenu en France une double licence en anthropologie et en sociologie, Morgane s’est envolé·e pour Montréal afin d’approfondir son intérêt pour les études sur le genre. Iel a validé en 2018 une maîtrise en sociologie à l’UQAM en présentant un mémoire sur l’accès aux soins gynécologiques pour les hommes trans. Depuis 2019, Morgane a travaillé auprès d’Annie Pullen Sansfaçon en tant que coordonateur·rice de recherche à la Chaire de Recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles notamment sur le projet Discours (De)trans. En 2023, iel a intégré le poste de conseillèr·e principal·e à la recherche pour la nouvelle chaire ReParE.
Transnormativity and Its Impact on Transgender Identity and Embodiment (Arora, 2024)
Résumé

La transnormativité, une idéologie normative qui détermine la légitimité des identités transgenres sur la base de l'adhésion au modèle médical binariste (Johnson, 2016), est devenue le récit dominant du discours trans. Dans ce cadre, les personnes trans binaires avec des incarnations lisibles par les cis et des processus d'affirmation sociale, médicale et juridique relativement linéaires se sentent souvent validées, tandis que celles avec des incarnations et des identités non binaires font souvent l'expérience de l'invalidation (Bradford & Syed, 2019 ; Johnson, 2015).
Cette présentation approfondit le concept de transnormativité, qui impose des attentes de conformité et de cohérence (Medico & Pullen Sansfaçon, 2017), et la manière dont il fonctionne comme un récit dominant qui crée une hiérarchie au sein de la communauté transgenre déjà marginalisée. Nous explorerons comment cette perception homogénéisée ou normative de ce que signifie être transgenre façonne la vie, les objectifs d'incarnation et les processus de développement de l'identité des adolescents transgenres.

Biographie :

Manvi Arora est chercheuse postdoctorale à l’Université de Montréal et chercheuse bénévole auprès de l’Association pour la Santé Trans en Inde (ATHI). Elle est titulaire d’un doctorat en éducation de l’Université de Delhi. Elle détient aussi trois diplômes d’études supérieures en psychologie, sociologie et éducation. Depuis plus d’une décennie, elle travaille en étroite collaboration avec les communautés trans indiennes pour défendre leurs droits à l’éducation et à la reconnaissance de leurs identités. Elle est l’une des auteures et membres du comité chargé d’élaborer des lignes directrices nationales et du matériel de formation pour l’inclusion des enfants trans dans le système scolaire indien en mettant l’accent sur leurs préoccupations et la voie à suivre, avec le Conseil national de recherche et de formation en éducation (NCERT) du gouvernement indien. Ses connaissances interdisciplinaires l’aident à démêler les réalités vécues et les défis sociaux liés à la non-conformité aux normes de genre prescrites, un domaine de recherche négligé par les universitaires indien·ne·s et qui consiste actuellement à faire entendre la voix des personnes indiennes trans et non-binaires. Elle chapeaute le volet indien du projet de recherche longitudinal international financé par le CIHR intitulé Grandir trans, dont elle est l’une des coauteur·e·s, et auquel participe également la Chaire ReParE.

2023

Deliberate Absence: Situating Transgender and Gender Diverse Youth (TGDY) in Indian Road Map for Transgender Health and Human Rights (Manvi, 2023)
L'Inde, la plus grande démocratie du monde, compte également la plus grande population de personnes transgenres au monde. Malgré le nombre important et la forme visible de la population conventionnelle-transféminine, les personnes transgenres et de genre différent du pays ont été marginalisées et ostracisées par une société qui vénérait autrefois la fluidité des genres. Jusqu'à ces dernières décennies, la communauté transgenre n'a bénéficié d'aucune protection législative, d'aucune acceptation sociale, d'aucun moyen de mobilité sociale, d'aucune revendication de droits civils et d'aucune vie digne.

Les récentes législations progressistes, telles que l'arrêt historique de la Cour suprême de 2014 (connu sous le nom d'arrêt NALSA), la loi de 2019 sur les personnes transgenres (protection des droits), sont des tentatives minuscules mais sans précédent pour remédier à une discrimination séculaire à l'égard de la communauté.

Cependant, en raison d'une forte volonté politique et d'une prise de conscience de l'urgence d'autonomiser cette communauté longtemps négligée, l'accent mis sur les droits socio-médicaux, juridiques et éducatifs des jeunes trans et de la diversité de genre (TDG) est totalement absent du discours indien sur les droits des personnes transgenres. Ainsi, la représentation d'une communauté entière qui ne se conforme pas aux manières hégémoniques d'interpréter le genre et qui n'a pas atteint la majorité est délibérément invisibilisée.

Cette session déconstruira l'attitude de la société indienne à l'égard de la jeunesse en général et des jeunes transgenres et gender diversity en particulier, dans le cadre des diversités caractéristiques de l'Inde. L'influence du lien social sur le développement de l'identité et le bien-être psychologique et physiologique des jeunes transgenres sera mise en évidence. On tentera également d'examiner le champ d'action offert aux jeunes TDG dans la mise en œuvre des récentes initiatives administratives et législatives dans le domaine de l'éducation, des droits de l'homme et de la santé. La discussion est basée sur les expériences de première main de jeunes Indiens qui ont été dans l'espace où la socialisation idéaliste est confrontée à l'existence instinctive non normative et résulte en une négociation, un conflit, une résistance, une transformation et des possibilités pour un spectre d'existence dans le contexte indien.

À propos de notre conférencière

Manvi Arora (elle) est chercheuse postdoctorale à l’Université de Montréal et chercheuse bénévole auprès de l’Association pour la Santé Trans en Inde (ATHI). Elle est titulaire d’un doctorat en éducation de l’Université de Delhi. Elle détient aussi trois diplômes d’études supérieures en psychologie, sociologie et éducation. Depuis plus d’une décennie, elle travaille en étroite collaboration avec les communautés trans indiennes pour défendre leurs droits à l’éducation et à la reconnaissance de leurs identités. Elle est l’une des auteures et membres du comité chargé d’élaborer des lignes directrices nationales et du matériel de formation pour l’inclusion des enfants trans dans le système scolaire indien en mettant l’accent sur leurs préoccupations et la voie à suivre, avec le Conseil national de recherche et de formation en éducation (NCERT) du gouvernement indien. Ses connaissances interdisciplinaires l’aident à démêler les réalités vécues et les défis sociaux liés à la non-conformité aux normes de genre prescrites, un domaine de recherche négligé par les universitaires indien·ne·s et qui consiste actuellement à faire entendre la voix des personnes indiennes trans et non-binaires. Elle chapeaute le volet indien du projet de recherche longitudinal international financé par le CIHR intitulé «Grandir trans», dont elle est l’une des coauteur·e·s, et auquel participe également la Chaire de recherche sur les enfants trans et leurs familles pour témoigner de la situation au Québec.
Les droits 2SLGBTQIA+ et la lutte contre la discrimination : L’impact des allié·e·s  (Cumming-Potvin, 2023)
Depuis plusieurs décennies, les résultats de la recherche universitaire ainsi que des organisations publiques affirment que l’homophobie, la transphobie et la biphobie ont un impact nocif sur le bien être des personnes 2SLGBTQIA+ et leurs familles. En particulier, un grand nombre de personnes transgenres sont régulièrement l’objet de discrimination en ce qui concerne l’éducation, le logement, l’emploi et les services de santé. Réformer les institutions afin de garantir les droits humains pour les communautés 2SLGBTQIA+ est un processus complexe, exigeant du pouvoir au niveau social, éducatif et médiatique. Cet exposé vise à explorer le rôle des allié(e)s 2SLGBTQIA+ à travers ce processus, surtout à l’égard des personnes transgenres.

Diplômée de l’Universitéde Montréal, Wendy est professeure agrégée à l’Université Murdoch en Australie-Occidentale. Ses recherches mettent en évidence les littératies numériques, la diversité et l’équité, mettant l’accent sur les genres et les sexualités. Son dernier livre, LGBTQI+ Allies in Education, Advocacy, Activism, and Participatory Collaborative Research, est une publication de Routledge.

Une présentation de l'Équipe de recherche sur les jeunes trans et leurs familles, de la Chaire de recherche du Canada sur les enfants trans et leurs familles et du Centre de Recherche en Santé Publique (CReSP)

2022

Réflexions autour de l’abolition du marqueur de genre au Québec (Lecomte, 2022)
Résumé:
Le jugement Moore (2021), portant sur la modification de certains articles du Code civil du Québec jugés discriminatoires envers les personnes trans et non-binaires, a été salué comme une décision « historique » pour les droits des personnes trans (Centre de lutte contre l’oppression des genres, 2021). En effet, cette décision a, entre autres, reconnu le droit des personnes non-binaires à obtenir un marqueur reflétant leur identité de genre, soit ni M, ni F. Mais ce jugement a aussi laissé intacte l’obligation d’assigner un sexe à la naissance – une obligation qui serait, selon l’auteur Heath Fogg Davis, à la base de la discrimination basée sur « l’identité sexuelle » (Davis, 2017, p 46).

Cette conférence-midi vise donc à partager quelques pistes de réflexions autour de l’imposition d’un marqueur de genre sur les documents d’identification des individus et, par extension, de l’obligation d’assigner un sexe à la naissance. La présentation explorera, dans une perspective queer et trans, certains des arguments juridiques développés dans le jugement Moore autour des questions d’identité de genre, d’assignation du sexe à la naissance, et d’identité trans. Suite à la présentation de cet enjeu, il y aura une période de questions et de discussion à laquelle les personnes présentes sont fortement encouragées à participer.

Un mot sur Léo....

Léo Lecomte est un·e transtapettegouine et étudiant·e à la maîtrise en droit et société, avec concentration en études féministes, à l’Université du Québec à Montréal. Iel s’intéresse aux politiques queer et trans, au caractère institutionnel de la cis-hétéro-normativité et à l’émergence d’une trans-normativité. Iel adopte une perspective critique queer sur le droit dans ses travaux et son mémoire porte sur l’abolition du marqueur de sexe/genre sur les documents d’identification au Québec.

Analyses préliminaires de la couverture de la "détransition" dans la presse internationale (2017-2020) (Millette, Turbide, Paré-Roy, 2022)

La détransition, c’est-à-dire la discontinuation d’une transition de genre sociale, médicale et/ou légale, est l’objet d’une attention accrue de la part des médias ces dernières années. La présente étude s’intéresse aux univers de sens mobilisés dans le discours de la presse écrite sur ce phénomène. À partir d’une perspective critique, cette étude vise à cartographier les définitions, caractérisations et représentations de la détransition qui circulent dans la presse écrite internationale. Pour ce faire, une analyse thématique des cadrages médiatiques a été réalisée sur un corpus de 192 articles journalistiques traitant de détransition, publiés entre le 1er juin 2017 et le 31 décembre 2020. Ces articles, en français ou en anglais, proviennent principalement des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de l’Australie et de la France. Trois principaux événements d’actualité ont influencé le traitement médiatique de la détransition : le procès de Keira Bell, une femme détrans qui a poursuivi la clinique Tavistock and Portman NHS Trust, au Royaume-Uni, pour lui avoir prescrit des bloqueurs d’hormones à l’âge de 16 ans ; les tweets transphobes de J.K. Rowling, l’autrice de Harry Potter, qui a invoqué la détransition pour invalider la transition ; et la victoire juridique de Keira Bell. Plus que la domination d’un cadrage assimilant la transition à une erreur de parcours, les résultats préliminaires révèlent la présence d’une structure rhétorique typique qui tend, sur le mode implicite, à condamner toute approche fluide de l’identité de genre.

2021

Comprendre les jeunes ayant détransitionné : quel regard sur leur parcours ? (Gelly et Pullen Sansfaçon 2021)
Au cours des dernières années, un nombre croissant de jeunes se sont identifié·e·s comme « détrans » ou « détransitionneur·e·s », soulignant les expériences d’arrêt de la transition de genre. Dans les médias grand public, leur expérience est souvent présentée autour de l’idée de regrets. Cet article exploratoire présente ce que les jeunes qui ont interrompu leur transition de genre ressentent à propos de leur parcours.

Méthode : Des entrevues semi-structurées ont été menées à l’automne 2020 par appels vidéo avec 20 jeunes qui ont mis fin à leur transition de genre, recruté·e·s au moyen d’une invitation à participer affichée sur différents médias sociaux. Les participant·e·s étaient âgé·e·s de 16 à 25 ans et vivaient dans différents pays du monde. Les données ont été analysées selon une analyse thématique inductive.

Résultats : Dans l’échantillon, certain·e·s jeunes ont exprimé des regrets, tandis que d’autres ont déclaré que leur parcours de détransition faisait partie d’un processus pour devenir qui iels sont aujourd’hui. Au moment des entrevues, de nombreux·ses participant·e·s ne s’identifiaient pas dans une identité cisgenre.

Entendre la voix des jeunes trans hébergés.es dans les services de protection de la jeunesse : défis éthiques et méthodologiques pour la recherche (Robichaud et Carignan-Allard, 2021)
Objectifs : Discuter des perspectives et des obstacles d'un projet de recherche photovoice avec des jeunes trans pris en charge par les services de la protection de la jeunesse.

Méthode : Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, notre équipe de recherche a dû repenser sa proposition de recherche afin d'obtenir le point de vue des jeunes trans sur leur expérience de placement, tout en respectant les mesures sanitaires en place. Un projet photovoice est apparu comme une méthode nouvelle et pertinente pour atteindre nos objectifs de recherche : 1) il permet aux participant.es de partager des aspects de leur expérience de placement en tant que jeune trans sans les barrières du pouvoir et de la communication d'un entretien semi-structuré ; 2) il met en évidence le rôle d'expert des jeunes concernant leurs connaissances et facilite une perspective d'autonomisation dans la recherche et la pratique ; 3) l'utilisation de la technologie (téléphone cellulaire) permet aux jeunes de recueillir des données et de les retourner aux chercheur.ses sans aucun contact entre eux.

Résultats : Près d’un an après l’ouverture du recrutement, seul.es deux participant.es ont initié leur projet photovoice et un.e seul d'entre elleux a complété son photovoice. Les efforts de recrutement sont toujours en cours et même étendus à travers la province, mais les chercheur.es ont identifié des défis qui seront discutés dans le cadre de la présentation : 1) la négociation des aspects critiques tels que la rémunération et la confidentialité avec les comités d'éthique de la recherche et les équipes cliniques ; 2) recruter et retenir les participant.es éligibles, lesquels sont souvent isolés du monde numérique ; 3) soutenir la capacité des jeunes à réussir leur photovoice, dans un contexte de distance et de restrictions associées au placement; 4) les stratégies de rétention impliquées dans un projet à long terme, notamment en période de Covid-19.

Conclusions : L'utilisation de méthodes de recherche participative est nouvelle et, à notre connaissance, n'a jamais été utilisée auparavant auprès de jeunes hébergé.es au Québec. De nombreux défis émergent du processus; des réflexions, recommandations et mises en garde seront discutées. La présentation abordera aussi l’expérience de la recherche comme une façon de mettre au jour les barrières et oppressions dans le vécu des jeunes trans hébergé.es.
© 2023 CRC-ReParE, Tous droits réservés.
FR
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram